La première fois.

Nous avons tous des idées préconçues qui parfois sont fausses du style : « je suis trop vieux pour me mettre à l’aïkido » ou bien « l’année est commencée je ne peux plus m’inscrire ». L’image que l’on peut avoir des arts martiaux est souvent celle renvoyée par les séries télévisées et le cinéma. En entrant la première fois dans un dojo on ne sait pas trop comment cela va se passer, si on ne va pas se retrouver face à une bande de balèzes, adeptes de la macrobiotique et prêts à en découdre. Pour chasser de vos têtes ces idées et éclairer vos lanternes voici donc « ma première fois ».

Donc nous y voila pour un cours d’essai, l’accueil est chaleureux et sympathique, le prof me met à l’aise tout en me présentant les pratiquants qui arrivent les uns après les autres. Pour le moment pas d’athlètes bodybuildés ou des types louches au regard de serial killer, bref des gens normaux il y même des filles et des gamins.
Pour le premier cours on n’a pas encore investi dans un keikogi (kimono), un survet’ fait l’affaire, donc pas besoin d’aller dans les vestiaires pour se changer. On est un peu surpris d’en voir sortir des gars et des filles, pour ces dames cela parait plus normal, vêtus de grandes jupes noires. On apprendra plus tard que ce sont des hakama vêtements traditionnels japonais.

On explique au gentil nouveau qu’il faut se mettre du coté gauche du tatami en face du professeur. Puis le cours commence. Tout d’abord on se met en seiza, pour simplifier position à genoux assis sur les talons qui à force d’habitude fait moins mal. Puis vient mokuso qui est une phase de « méditation ». On comprendra plus tard que cela permet, de faire le vide dans son esprit pour attaquer le cours sereinement, en laissant les vilaines pensées de la journée de m…. que l’on vient d’avoir devant la porte du dojo.
Puis vient le salut au sympathique monsieur barbu qui est en photo sur le mur, là aussi on apprendra qu’il s’agit de O Sensei Morihei Ueshiba Maitre Fondateur de l’aïkido, et que le mur d’honneur c’est le Kamiza.

Exercices respiratoires, échauffement pour le moment la tout va bien, puis vient le travail sur les premiers déplacements de base. Avant de pratiquer l’aïkido je pensais bêtement que je savais me déplacer, en fait pas du tout. Un ancien en jupe qui est passé par là et comprend le désarroi du novice, vient donner des conseils, bref y a du boulot!

Puis on enchaîne avec quelques techniques aux noms imprononçables et on se demande comment on peut retenir de tels noms. Pourtant le japonais c’est facile, la preuve des gosses de 5 ans arrive à le parler couramment; Oui mais on est né en France et pas du coté d’Iwama ou de Tokyo. Mais bon c’est vrai qu’à la longue on se rappelle des noms de techniques.
En parlant de gamin il y en a un qui vient me saluer pour pratiquer avec moi, tu sais le gentil gamin que tu as vu en arrivant bien poli qui est venu te serrer la main, ben lui il a bien compris comment on fait Shomen Uchi Ikkyo et là une fois que tu a le nez au sol contre le tatami, tu commence à comprendre que c’est efficace.
Mais comble du masochisme ou envie d’apprendre je trouve ça bien et j’endosse avec autant de plaisir le rôle de Tori celui qui exécute la technique, que de Uke celui qui reçoit la technique.

Fin du cours re- mokuso , re salut. Voila c’est déjà fini, deux heures et je n’ai pas vu le temps passer. Alors tu as aimé tu reviens vendredi? Ils sont sympas, oui je pense que je vais revenir.

Et puis tu rentre chez toi, un peu courbaturé mais heureux, tu repense à ton cours et tu te rends compte que tu es zen, pas fatigué non, mais zen, bien dans ton corps et dans ta tête.
D’un naturel plutôt impulsif tu réfléchis sur ce qui t’arrive, sur ce sentiment de bienêtre, et à ce moment tu dis : « et si j’avais trouvé ma voie ».
S.B